SORCELLERIE
LOYA et le '' Sorgin xilo ''
LA SORCELLERIE
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Au XIII siècle déjà, la foi catholique affirmait que les démons existent ,qu'ils sont capable de nuire par leurs opérations et d'empécher l'oeuvre de chair ; et un siècle plus tard, le diable et les sorcières elles mêmes inspiraient aux papes une sainte terreur.Au Pays Basque rien de celà
Ce n'est guère qu'au 12 ème siècle que des missionaires chrétiens avaient pénétré au Pays Basque et encore pas dans toute la campagne. De place en place s'étaient construits des monastères qui jalonnaient le chemin de Compostelle.Mais on ne peut pas dire que le catholicisme s'était réellement implanté dans le pays et les basques étaient encore fort attachés aux génies que vénéraient leurs aïeux, et ils n'avaient pas cessé de pratiquer certains rites que condamnait l'église. En ce début du 17 ème siècle peu à peu beaucoup étaient devenus chrétiens ,mais n'avaient pas remplacé leurs anciennes coutumes .Ainsi lors de l'office des morts. on apportait, de la nourriture, des plats de viande et même des animaux vivants à l'église pour les défunts et les vascons étaient restés quelque peu animistes.
Le vent trainait avec lui des êtres diaboliques, l'eau avait une renommée magique, et ils avaient le culte du feu.La lune jouissait d'un régime spécial, ( la désse Mari ) était particulièrement vénérée et c'est sans doute en son honneur qu'avaient eu lieu depuis la préhistoire des danses et des fêtes Le géographe grec Strabon en moins 58 av JC signalait déjà que les Vascons se réunissaient par les nuits de pleine lune, pour vénérer par leurs chants et leurs danses, un Dieu anonyme
.Ces habitudes avaient perduré ,à croire que les vieilles croyances son indéracinables. A Hendaye ces manifestations étaient habituelles, et toute occasion était bonne. . Il faut dire que tout s'y prétait : une grande plage de sable fin pour le tout venant,une crique bien protégée par une haute falaise, d'un accès difficile par un sentier raide, et loin, quelques fermes ,de grands champs,qui éloignent de toute curiosité , la crique de Loya, avec son trou de la sorcière ( sorgin silo ) attiraient souvent la foule Dans la nuit du vendredi dans un lieu appelé , Akelarre les sorgiñak célébraient des rites magico-érotiques. Lors de ces célébrations, les cohortes de sorcières vénéraient généralement un bouc noir (akerbeltz ) auquel on avait associé le culte de Satan afin d'obtenir des richesses et des pouvoirs surnaturels
Une grande scène pour le mystère. On parle de Sabbats avec 12.000 personnes
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Troubles au pays de Labourd :
Le sieur d'Urtubie d'Urrugne, accusé de sorcellerie, par des concurents jaloux, sous prétexte de défendre une de ses parentes, était entré dans Donibane, à la tête d'une troupe de 12 hommes armés ; ce qui avait provoqué troubles et bagarres. Il recommença dans cette même ville le 24 juin 1607, à l'occasion des fêtes de la Saint Jean .La bataille faisait rage et on ferrailla avec entrain. Ce fut un début d"émeute Une autrefois le jour de la fête du sacre un nommé Martin de Barrandéguy de Hendaye, dont la femme et la fille étaient accusées de sorcellerie, se porta par deux fois, armé d'une épée, au-devant de la procession, pour attaquer le bayle et les jurats qui marchaient en tête; il fut écarté par les hommes d'armes ..Las de tous ces troubles les sieurs d'Urtubie et de Saint Pée , s'adressèrent , à Henri IV pour faire enquêter, et ramener le calme. “ Le Roy eut avis que son pays de Labourd estait grandement infecté de Sorciers ”. Il s'y passe en effet " une infinité de choses inconnues, estranges et hors de toute croyance. .Henri IV envoya deux conseillers du parlement de Bordeaux : Jean d'Espagnet et Pierre de Rosteguy de Lancre
Leur mission était claire : il fallait “ purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l'emprise des démons ”, faire la lumière, sur les actes des réfugiés juifs , mauresques, Bohémiens et Cagots expulsés d'Espagne et du Portugal, et sur les comportements des guérisseuses et cartomanciennes.
Le roi fixa la fin de sa mission au 1er novembre 1609. Cette mission commença le 2 juillet 1609 à Bayonne, mais très vite Pierre de Rosteguy de Lancre se retrouva seul, le roy envoyant Jean d'Espagnet régler un différend entre pêcheurs français et espagnols. >>car de vives querelles s'envenimaient facilement : si nos pêcheurs tentaient de s'aventurer sur la Bidassoa << ceux de Fontarrabie les faisaient reculer à coup de canons ; et les canons de Hendaye naturellement ne manquaient de risposter.
Le drame pouvait commencer .
Libidineux et sensuel, de Lancre était d'esprit étroit, sectaire et buté. Doué d'une vanité incommensurable, il était infatué de lui même et de son importance. En outre il craignait les pouvoirs du diable et des démons, et il était d'une crédulité enfantine. Il flairait le mal partout, le recherchait, l'inventait s'il ne le trouvait pas. En un mot il était né pour être un inquisiteur. Et il le fut. En un mot c'était une forme de folie. Voilà le cadeau que Bordeaux et Heni IV venaient de nous faire
Dans son Portrait de l'inconstance des sorcières , de Lancre résume son raisonnement comme suit: << Dansent d'une facon indécente; mangent trop; faire l'amour diaboliquement; commettre des actes atroces de la sodomie; blasphémer scandaleusement; se venger insidieusement; courir après tous les horribles désirs sales, et grossièrement contre nature; garder les crapauds, vipères, des lézards et toutes sortes de poison ; aime passionnément une chèvre puante; caresser amoureusement; associer et de s'accoupler avec lui d'une façon dégoûtante et scabreuses - ne sont-elles pas les caractéristiques incontrôlée d'une légèreté inégalée d'être et de l'inconstance exécrable qui peuvent être expiés que par le feu divin que la justice placé dans l'Enfer? >>
En arrivant, de Lancre rencontre des femmes radieuses, gaies et fières. Elles s'appellent entre elles “ Ma Dame ”. Parfois la nuit, elles s'en vont danser au son des tambourins. C'en est trop.
De Lancre craint la beauté, la chevelure des femmes à la brillance “ violente ” et leurs yeux, “ aussi dangereux en amour qu'en sorcellerie ” écrit-il. Mais ce qui le dérange le plus, c’est la liberté de ces femmes
. En effet, à cette époque, au Pays basque, les femmes sont libres de la tutelle masculine. Or, que peut faire une femme livrée à elle-même – les hommes sont souvent en mer – sinon le mal ? Et de Lancre d’assister horrifié à des messes où les curés de la région autorisent les femmes à s’approcher de l'autel, à voir l'élévation de l'hostie et à communier pendant la messe! De Lancre est convaincu de se trouver, non plus face à quelques cas isolés de sorcellerie, mais bien devant un complot satanique à l'échelle régionale. Il se lance alors dans une véritable croisade.
le jugement
Tout lui est devenu suspect, la langue et le caractère des Basques en particulier. De Lancre n’apprécie pas non plus leur façon de s’habiller, de travailler, ni de danser. Il traîne femmes et jeunes filles devant les tribunaux, les torturant avec une cruauté rarement atteinte. Au travers des interrogatoires, le sabbat des sorcières apparaît comme un moment de dépravation. Terrorisées, les accusées avouent tout et n'importe quoi.
Les bûchers se multiplient. La terreur va s'abattre pendant quatre mois. Les prêtres eux-mêmes ne sont pas à l’abri de la suspicion. Ils dansent, jouent à la pelote ou portent des armes, de quoi choquer encore un peu plus le seigneur de Lancre. Il en fait brûler trois : Argibel à Ascain, Migalena et Pierre Bocal à Ciboure
le 1 er Août 1609, la commission siègeait à Urrugne. Certaines sorcières firent preuve d'une imagination débordante,. plus que de sorcellerie, mais toutes furent brûlées après avoit été torturées. Ce jour là Nécato de Hendaye et Marissans passent en jugement De graves accusations pèsent sur elles Pour de Lancre la culpabité de Nécato ne fait aucun doute..Elle avait renoncé à son sexe pour prendre la nature d'un homme. Marie de Castagnalde âgée de quinze ans est le premier témoin entendu.Elle dit que Nécato sous la forme d'un chat, << est la sorcière qui l'avait enlevée et l'avait emportée en l'air sans l'avoir oincte ni graissée >> qu'arrivée au Lacoua << sur la coste de Hendaye >>'il avait été emporté par le col jusqu'à Fontarrabie.Elle ajouta qu'au sabbat elle l'avait très bien battue >> Marie de Castagnalde n'en soutient pas moins ses déclarations. Garralde sans graisse ni onguent fut trasporté au sabbat par la sorcière, laquelle le porta si haut et si loin en l'air, qu'il n'a pas pu reconnaitre le lieu du sabbat : qu'il avait bien étrillé , et qu'il avait vu Nécato battre Castagnalde.
Ensuite Marie d'Aspilicueta d'Hendaye dit que c'est Catherine de Molérés qui fut sa marraine au Sabbat. Marie déposa qu'elle avait baisé le derrière du diable au-dessous d'une grande queue, et que son compagnon avait été emporté par le col jusqu'à Fontarrabie .Elle ajouta qu'au sabbat on goûte avec un extrême plaisir et jouissance; qu'on y fait l'amour en toute liberté devant tout le monde >>.
Catherine de Moléres, subit aussi l'épreuve de la question et fut brûlée << pour avoir par son seul attouchement, chargé le haut mal à un fort honneste homme >>
La juridiction du Parlement de Bordeaux s'exerce en matière de sorcellerie sur Hendaye, et le tambourinaire Ausugarto, Domingina Maletena et Marie de la Parque (Laparca) à 20 ans, sont entre autres brûlés par le conseiller de Lancre, puis Catherine de Barrandéguy le 3 septembre 1610 à Bordeaux
Une nuit sur la montagne de la Rhune Domingina Maletena fit un saut jusque sur un banc de sable situé entre Hendaye et Fontarrabie << à une distance de près de deux lieues >>. et son amie << alla jusqu'à la porte d'un habitant de Hendaye .>>
De toute façon avouer quoi que ce soit était la mort.
On devine avec quelle délectation mêlée d'horreur de Lancre posait ses questions . Mais il fallait aller très vite, le temps était compté ,et il y avait parait il au Labourd 3000 sorcières.
Hendaye dans ces descriptions était surreprésentée sans doute à cause de ses deux plages, ou alors par ce qu'ils étaient particulièrement doués
.La proximité de l'Espagne devait aussi y contribuer car là aussi les buchers marchaient bon train.
Marie d'Aspilicouetta, de Hendaye déclara au procès de Urrugne qu'au sabbat plusieurs sorcières étaient occupées << à couper la tête des crapauds et les autres à en faire des poisons >> sous forme de poudres. Elle assurait que <<. les plus grandes sorcières sont ordinairement assistées de quelque démon qui est toujours sur leur épaule gauche sous forme de crapaud >>Ce démon restait invisible pour tous ceux qui n'étaient pas les disciples de Satan ; et de Lancre précisa trés sérieusement ;<< A le dict crapaud deux cornes sur la tête . >> De Lancre ne réussit jamais à se procurer la fameuse poudre << ny en voir >> malgré ses recherches . Un enfant qui allait au sabbat, et s'y rendait toutes les nuits, avait révélé le 18 juillet << que le magasin était tenu dans quelque rocher malaisé, tout sur le bord de la mer vers Hendaye >>. La commission partit dès le lendemain, le 19 au matin, car il s'agissait d'une saisie très importante. Lorsque toute la troupe arriva à l'endroit désigné, << on fit de vains efforts pour atteindre la cime du rocher .>> mais il ne fut pas possible d'y monter << tant le précipice et la pente en était périlleuse >> ( Les jumeaux ! ) Il aurait fallu avoir des échelles et des cordes. Aussi ce jour là << on ne fit autre chose que de donner, l'alarme à ceux de Fontarrabie étonnés de voir tant de chevaux et de peuple qui paraissaient sur la côte >> On y revint une seconde fois, avec tous les hommes et tout le matériel nécessaire. Mais il était trop tard .Lorsque le rocher fut escaladé, on ne trouva que la place du pot marquée par son assiette !
les Jumeaux : la cache des sorcières !
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Il est à remarquer que beaucoup de sorcières, ou considérées comme telles, portent les noms des fermes situées non loin de la baie de Loya :Gastainaldea ( 1655 )Laparka ( 1672 ) Molèrés ( 1672 ) Marizabalenia (1772 ) Sandotéguy ( 1786 ) Nékato. Pour cette dernière située sur la falaise dominant Loya son nom est très souvent cité ( Nécato )
Nekatoenea
épilogue
Le pays de Labourd avait été pris de panique après les premières procédures ceux qui le pouvaient passaient la frontière Ceux qui le pouvaient passaient la frontière et se réfugeaient en Espagne. D'autres prirent la mer même vers Terre'Neuve. Les pêcheurs basques apprirent donc, soit par des fugitifs, soit par des bateaux partis après eux, l'arrivée des juges en Labourd , , et ce qui en résultait, et ce qui en résultait; ils entendaient ainsi parler des nombreuses arrestations, de la sévérité du tribunal qui remplissait les prisons et qui brûlait à tout vadu danger qui menaçait toutes les familles, Certains d'entre eux apprenaient la détention d'une ou de plusieurs femmes de leur famille leur mère,leur femme, leur fille.
La pêche battait son plein,.Dans chaque bâteau , l'accord fût instantané,une saine colère prit tout l'équipage, le navire vira de bord. et toutes voiles dehors prit le chemin du retour.Chaque marin était prêt à en découdre. Le trajet ne souffrit d'aucun retard.
Ils sont au Labourd deux mois avant l"époque habituelle << au nombre de cinq ou six mille >>
Arrivés à bon port les marins firent grand bruit, s'armèrent de couteaux, de bâtons d'armes de toutes sortes, et surtout d'une grande violence dans leurs propos .
La commission était impopulaire et détestée mais une sorte de crainte et de respect royal empêchaient que l'on parle trop haut Néanmoins la tension était extrème et le jour de l'exécution de Marie Bonne << une sorcière insigne >>qui était allée très loin dans ses délations la foule attendait sur la place ou étaient dressés les buchers et les potences Le cortège avançait lentement. Les marins armés, se précipitèrenr alors sue les charrettes, bousculèrent la milice, renversèrent tout et tous. On ne put opposer aucune résistance effective : ni << baillis, abbés et jurats, ni les plus relevés officiers de justice >> ne se rendit maître de l'émeute << l'exécuteur, le trompette le sergent les interprêtes et greffiers >> tous eurent très peur . La violence de cette émeute fut extrême << nous demeurames plus d'un mois sans pouvoir contraindre ni sergent ni trompetteur d'aller, tant ils étaient menacés, et avaient de courir fortune de leur vie >>
La commission se calma et rentra à Bayonne
Le conflit qui se dessinait entre les autorités religieuses et laïques allait mettre un terme à cette tuerie. Le 1er novembre la mission de Lancre se finissait, responsable de plus de 500 morts, il pouvait reprendre le chemin de Bordeaux. Il y publia le tableau de l'inconstance des mauvais anges et démons vers 1620, au pays de Labourd.
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